W’al kadhimin al Ghyadh

وَالْكَاظِمِينَ الْغَيْظَ

Lorsque les psychanalytiques indiquent que parler soulage l’état psychique du sujet ou que l’état psychique se trouve affecté parce que le sujet n’a pas pu décharger (par la parole, par exemple) l’émotion qu’il l’a retenue, la question d’al kadimin al ghayd s’impose

Dans al qoran al karim, al kadimin al ghayd, est citée dans sourat aal i imraan aya 134:

الَّذِينَ يُنفِقُونَ فِي السَّرَّاءِ وَالضَّرَّاءِ وَالْكَاظِمِينَ الْغَيْظَ وَالْعَافِينَ عَنِ النَّاسِ ۗ وَاللَّهُ يُحِبُّ الْمُحْسِنِينَ

dans tafsir al-qortoby :

ثم قال تعالى : والكاظمين الغيظ وهي المسألة الثانية : وكظم الغيظ رده في الجوف ; يقال : كظم غيظه أي سكت عليه ولم يظهره مع قدرته على إيقاعه بعدوه ، وكظمت السقاء أي ملأته وسددت عليه ، والكظامة ما يسد به مجرى الماء ; ومنه الكظام للسير الذي يسد به فم الزق والقربة . وكظم البعير جرته إذا ردها في جوفه ; وقد يقال لحبسه الجرة قبل أن يرسلها إلى فيه : كظم ; حكاه الزجاج . يقال : كظم البعير والناقة إذا لم يجترا ; ومنه قول الراعي :

فأفضن بعد كظومهن بجرة من ذي الأبارق إذا رعين حقيلا

الحقيل : موضع . والحقيل : نبت . وقد قيل : إنها تفعل ذلك عند الفزع والجهد فلا تجتر ; قال أعشى باهلة يصف رجلا نحارا للإبل فهي تفزع منه :

قد تكظم البزل منه حين تبصره حتى تقطع في أجوافها الجرر

dans al kadimin al ghayd il y a l’action kadama et l’objet al ghayd. l’action de le (al ghayd) ramener à soi, en son intérieur, de le retenir, de ne pas le laisser apparaître en ayant la capacité de le manifester à l’autre

dans un autre sens, le retenir et l’empêcher d’emprunter cette voie comme le barrage qui s’interpose au courant d’eau, l’emmagasine, pour permettre de s’en servir autrement (en y puisant, pour l’irrigation, etc. ou en libérant une certaine quantité pour la production d’électricité, d’une énergie motrice, etc.) 

Il y a également l’image de gestation chez l’animal qui fait que l’aliment est retenu (fermentation, etc.) avant d’être remonté et mâché pour emprunter la voie digestive habituelle

dans une autre circonstance de grande terreur, d’épuisement total, l’analysé est également kadim en n’ayant pas la capacité de le manifester (al ghayd) par peur, par épuisement jusqu’à ce qu’il perde la capacité de le retenir 

l’image du problème de gestation chez l’animal qui s’ensuit d’une rétention trop longue des aliments

l’action à l’opposé de kadama est afada (faire apparaître, manifester par la parole ou autre). dans le sens d’un résultat de l’action afada, entre parler et parler il y a des nuances.

parler consciencieusement (en étant conscient, présent) sous l’égide de l’analyste (ou soi même en étant conscient) est différent de parler en représailles, face à ce qui a provoqué l’émoi, adou, sous l’emprise y sous-jacent, la manifestation à l’autre, en dehors de soi, de l’émotion (la colère, al ghadab, par exemple)

que ce qui a provoqué l’émoi soit là ou pas, que l’analysant ait ou n’ait pas la capacité, sous l’emprise d’une terreur, épuisement, etc., de manifester son émoi, qu’il ait ou pas la capacité de le retenir, est une autre chose…

ومنه : رجل كظيم ومكظوم إذا كان ممتلئا غما وحزنا . وفي التنزيل : وابيضت عيناه من الحزن فهو كظيم . ظل وجهه مسودا وهو كظيم . إذ نادى وهو مكظوم . والغيظ أصل الغضب ، وكثيرا ما يتلازمان لكن فرقان ما بينهما ، أن الغيظ لا يظهر على الجوارح ، بخلاف الغضب فإنه يظهر في الجوارح مع فعل ما ولا بد ; ولهذا جاء إسناد الغضب إلى الله تعالى إذ هو عبارة عن أفعاله في المغضوب عليهم . وقد فسر بعض الناس الغيظ بالغضب ; وليس بجيد ، والله أعلم .

Dans un état de grande tristesse, chagrin, l’analysé est kadiim (en état kadim constant) ou makdoum (maintenu dans cet état)

al ghayd est à l’origine d’al ghadab mais ce n’est pas la même chose. Al ghadab se manifeste, s’accompagne nécessairement d’un acte ou action (jugeable pour l’homme). Al ghadab renvoie à l’action (jugement, nécessaire) de Dieu envers al maghdoub alihoum (ceux qui subissent l’action d’al ghadab). Dans notre condition humaine, est-ce nécessaire? infaillible? juste? d’acter absolument, immédiatement un tel émoi…

وروي عن ميمون بن مهران أن جاريته جاءت ذات يوم بصحفة فيها مرقة حارة ، وعنده أضياف فعثرت فصبت المرقة عليه ، فأراد ميمون أن يضربها ، فقالت الجارية : يا مولاي ، استعمل قوله تعالى : والكاظمين الغيظ قال لها : قد فعلت . فقالت : اعمل بما بعده والعافين عن الناس . فقال : قد عفوت عنك . فقالت الجارية : والله يحب المحسنين . قال ميمون : قد أحسنت إليك ، فأنت حرة لوجه الله تعالى

l’histoire de la serveuse (maîtresse de maison, bonne, gouvernante ou esclave) qui trébucha et versa le repas chaud sur son maître (devant ses hôtes). Sur le point de darbiha (la frapper, l’interpeller sur son geste, la blâmer, l’insulter, le lui signifier; du verbe daraba), elle lui rappella la partie du verset sur kadimin al ghayd, il fit, retint son ghayd, (la serveuse) lui demanda d’agir selon la suite, afin ani nas, selon ceux qui pardonnent, le lui pardonna, (la serveuse) lui ajoute le reste, que Dieu aime al mouhsinine, il répondit qu’il a fait et l’affranchit de son esclavage

la serveuse dans cette histoire semble prendre le rôle de l’analyste et son maître l’analysé. Son analysé en état d’al ghayd, elle lui rappelle, lui demande d’agir selon le verset. L’analysé entend (reçoit, s’ouvre, s’apprête, etc.) venant de son « esclave », « serveuse » ou « autre chose? », agit consciencieusement (suppose-t-on qu’il connaît sur quoi il agit ? est-il entrain d’apprendre?) en conséquence et affirme qu’il a fait.

L’analyste l’approuve puisque elle a poursuivit son exposé ; son maître a bien passé le premier stade. Si au début elle demandait qu’il cherche (en lui) à travailler ce qui est dans le début du verset, maintenant elle lui demande de faire ce qui suit, de le manifester par un afou, pardon, laisser-aller (envers elle). Il pardonne. Est-ce que le mal n’est plus ? Dans ce cas, on comprend que qu’il n’y a lieu d’aller plus loin. Mais s’il était effectivement brûlé ? Que le mal était toujours là… n’y a-t-il pas lieu à réparation? et par quel moyen? qu’elle serait la finalité de son acte (de réparation)?

ensuite l’analyste clôture par la fin du verset que Dieu aime al mouhsinine et il répond qu’il est mouhsine envers elle et il l’affranchit ensuite pour la face de Dieu… il l’affranchit pour la face de Dieu qui aime al mouhsinine ce qu’il confirme avoir été ou l’est en ce moment envers elle (et qu’elle ne contredit pas). Mouhsine en maître? envers son maître? en conséquence de son acte d’afou suite à l’incident? ou de sa conduite générale qui s’est remanifestée à l’occasion de cet incident? d’autant plus que l’analyste et l’analysé connaissent la même aya

; فقال – صلى الله عليه وسلم – : ليس الشديد بالصرعة ولكن الشديد الذي يملك نفسه عند الغضب . وقال عليه السلام ما من جرعة يتجرعها العبد خير له وأعظم أجرا من جرعة غيظ في الله . وروى أنس أن رجلا قال : يا رسول الله ، ما أشد من كل شيء ؟ قال : ( غضب الله ) . قال فما ينجي من غضب الله ؟ قال : ( لا تغضب ) .

selon le hadith, le fort, le puissant, le maître de soi, etc. est celui qui se contrôle, qui se retient lors d’une situation menant à al ghadab.

il n’y a meilleur pour un croyant qu’une dose d’al ghayd qu’il prend sur soi (admet, intègre, assimile, etc.) pour la face de Dieu (rappelle que Dieu aime al mouhsinine)

ce qui prévient le croyant d’al ghadab de Dieu (qui est la chose la plus dure qui puisse arriver) est de ne pas se mettre en état d’al ghadab.

قال العرجي :

وإذا غضبت فكن وقورا كاظما للغيظ تبصر ما تقول وتسمع
فكفى به شرفا تبصر ساعة يرضى بها عنك الإله وترفع

وقال عروة بن الزبير في العفو :

لن يبلغ المجد أقوام وإن شرفوا حتى يذلوا وإن عزوا لأقوام
ويشتموا فترى الألوان مشرقة لا عفو ذل ولكن عفو إكرام