Le transfert n’est pas de la suggestion : exploration en détail du concept “pivot” de la psychanalyse

Le “transfert”, phénomène, concept ou pratique, est au cœur de la psychanalyse qui la distingue nettement d’autres psychothérapies. Nous abordons le concept dans le temps d’une cure et sur un mode RSI de développement en se référent aux cas cliniques à l’origine de sa découverte. Qu’est-ce qui caractérise alors, le transfert de l’hypnose, suggestion ou persuasion ? est la question que nous nous proposons d’approfondir.

Avant d’essayer de définir le concept du transfert, une délimitation de son champs d’action est nécessaire et présentée sous la forme du questionnement suivant : Dans quels cas cliniques le transfert serait attendu ? est-ce qu’il y aurait par exemple, un transfert pour un sujet psychotique ou pervers ? ou est-ce qu’il n’opérerait que dans le cas névrotique d’un sujet phobique, hystérique ou obsessionnel ? autrement, est-ce qu’il supposerait au préalable une structuration initiale quelconque du sujet ?

La question se pose en rapport avec la découverte, par Freud, du transfert et le début du fondement de la cure psychanalytique, et qui a coïncidé avec son travail sur l’hystérie sachant que les tentatives d’élargir le concept aux psychoses, à titre d’exemple, sont toujours d’actualité et ne semblent aboutir à un consensus étiologique dans les cas cliniques qui présentent une non-structuration du sujet autour de la question du désir. Dans cette étude, le transfert ne concerne alors, que les cas cliniques ayant été structurés ou ayant pris position dans le complexe Œdipien et ce qui donnerait plus du sens à la considération du transfert comme mode de déformation psychique dans un sens positif ou négatif.

C’est à l’occasion de son exercice de la méthode cathartique de Breuer, que Freud découvre un des fondements de la cure psychanalytique : la talking-cure en anglais selon les termes d’Anna O., une patiente de Breuer, le cas qu’il a repris, et le transfert qu’engendre cette situation de chemney sweeping s’agit-il d’une mésalliance, déplacement d’affect, Ubertragung, généralement à l’endroit de l’analyste, et met le doigts sur un phénomène au moins sous-jacent à l’hypnose, à la suggestion et à la persuasion, mais qui n’y est pas limité. Dans ce contexte, la mésalliance sert à désigner le déplacement d’affect sur la personne de l’analyste sine qua non du lien qu’engendre la situation analytique et qui se caractérise en se référant à la définition du dictionnaire de la psychanalyse [1] d’être :

  1. affective,
  2. spontanée,
  3. automatique,
  4. incontournable,
  5. omniprésente dans toutes les situations de la vie qui met en interaction au
    moins deux individus,
  6. sous une forme inconsciente,
  7. indépendante de tout contexte,
  8. plus intense chez les sujets névrosés que chez les autres non-analysants,
  9. ambivalente selon les termes de Bleuler : ayant à la fois une action provocatrice et une action curative,
  10. de caractéristique à dépasser tout entendement.

A tel point qu’il a nourrit et continue de nourrir le mystère autour du concept au fondement de la méthode psychanalytique, pivot de la cure, dans une tentative de le démêler d’autres techniques plus particulièrement de la suggestion ou de la persuasion. Qu’est ce qui est alors, imputable au transfert qui ne soit à l’hypnose de Charcot, à la suggestion de Bernheim ou à la persuasion de Déjerine ? qui ne rentre dans le moule caractéristique précédent ?

Pour répondre à cette question, nous essayerons de décrire, dans une séquence qui s’inscrit dans le temps d’une cure, et synchronique, sur un mode RSI de développement, à base d’observations cliniques, en quoi le transfert se distingue de la suggestion et de la persuasion. Nous commençons par présenter quelques définitions du mot transfert issues de dictionnaires spécialisés, et de deux approches : restreinte et globalisante, nécessaires à situer l’interaction analyste/analysant dans l’espace d’une cure psychanalytique. Dans la section 2 de ce travail, nous décrivons le déroulement idéaliste d’une cure en quatre temps et dans un ordre antichronologique : la sortie de la cure, la conscientisation de l’obstacle inconscient, l’impulsion de l’analyste et le désir de transfert. Dans la section 3, nous décrivons selon une approche synchronique, sur un mode RSI : Réel-Symbolique-Imaginaire, ce que ce nouvel espace logique “capte” de la dynamique du transfert, en se limitant à la conception lacanienne du phénomène. Dans la dernière partie, la lumière est portée sur ce qui se dégage de la particularité du transfert et qui fait qu’il n’est ni suggestion ni persuasion, avant de conclure.

Dans son dictionnaire de la psychanalyse [1], Chemama décrit l’origine étymologique du mot Transfert comme transference en anglais ou ubertragung en allemand. Il situe également sommairement le contexte d’emploi du concept par Freud dans le temps d’une cure psychanalytique, en rupture avec le procédé hypnotique ou de suggestion, et le différencie des autres concepts : répétition, contre-transfert, résistance, en s’appuyant principalement sur les deux articles de Freud : Observations sur l’amour de transfert et Dynamique du transfert. Il décrit également quelques caractéristiques et déterminants du phénomène.

Plus en profondeur dans la relation analyste – analysant, l’article de Molière et Friard [2], situe le transfert, en reprenant les travaux de Morfaux [3] et de Mijolla [4] sous les appellations suivantes : amour de transfert, relation transférentielle, névrose de transfert, transfert narcissique, transfert psychotique, transfert positif ou négatif. Selon la même source et en puisant dans le vocabulaire de la philosophie et des sciences humaines, le concept revêtirait trois sens : d’une loi qui gouverne toute la vie affective et dont la tonalité se communique par associations à d’autres représentations, d’un processus par lequel les sentiments formés par le sujet dans le passé à l’égard de ses parents etc. se déplacent dans son environnement actuel, ou réactivation à l’endroit plus précis de l’analyste et dans l’espace d’une cure de ses sentiments archaïques, positifs ou négatifs qui semble aller dans le même sens donné par Laplanche et Pontalis du transfert recouvrant : l’installation de la problématique psychanalytique, ses modalités, son interprétation et sa résolution qui la caractérisent [5].

De toutes ces définitions il semble qu’il y ait accord au moins sur les points suivants :

  1. le transfert recouvre le temps d’une cure psychanalytique,
  2. il s’agit d’une actualisation de la problématique dans l’espace d’une cure,
  3. c’est une loi ou processus psychique structurel qui s’installe,
  4. historiquement, le transfert se manifeste dans la névrose.

Par contre quelques désaccords semblent surgir des définitions précédentes en ce qui concerne les suivants :

  1. le transfert ne recouvre pas nécessairement le contre-transfert,
  2. l’élargissement du concept à la psychose ou perversion

Dans l’idée de démêler ce qui est du concept de transfert, deux approches se dégagent des définitions exposées sur les points divergents : une approche restreinte et une approche globalisante de la relation analyste – analysant, ayant chacune son incidence sur la situation psychanalytique et qui seront abordées plus en détail dans la sous-section suivante. La question que soulève la distinction d’une approche restreinte ou globalisante du transfert dans l’espace et temps d’une psychanalyse est primordiale pour situer les tenants et aboutissants de l’acte. Quel est donc l’enjeu de l’analyse ? l’analysant, l’analyste, les deux ou quelque phénomène qui n’est ni l’un ni l’autre, qui n’est leur somme arithmétique, un certain déterminisme “social” ? pour répondre à cette question, il est nécessaire de situer ce qui se passe chez l’analysant, l’analyste.

Historiquement, dans une approche restreinte, le contre-transfert, Gegen-ubertragung, désigne l’effet du transfert de l’analysant perçu sur l’analyste : une réaction inconsciente qui aurait pour origine des conflits névrotiques chez l’analyste que la situation de la cure vient actualiser. Il est légitime alors, de se poser la question de ce que l’analysant perçoit de ce contre-transfert ou transfert de l’analyste en retour, de ce qu’il évoque ou induit dans l’orientation de la cure, de sa pertinence surtout si les rôles semblent s’inverser, d’alterner ou pour ne dire s’estomper !

Par contre, dans l’approche globalisante ou totalisante, le contre-transfert, qui est toujours à l’endroit de l’analyste, semble sine qua non de l’acte analytique sur les deux versants conscient et inconscient de la réalité de son analysant (et son transfert), et de sa propre réalité (et besoins névrotiques), et ne le condamne pas. Selon Kernberg [6], le contre transfert serait d’autant plus précieux qu’il permettrait de mieux connaître l’analysant, l’analyste, ce qui/que engendre la situation analytique ; Ou dans les termes de Lacan, le contre-transfert en tant que “désir du psychanalyste” n’est jamais isolé du “désir de l’Autre” au cœur de l’analyse.

La question du transfert est toujours d’actualité en considérant le travail de Freud sous l’angle du principe d’évolution de son travail et non de son résultat immédiat. Ce qu’il a suggéré dans les Études sur l’hystérie [7] dans l’avant-propos de la deuxième édition de 1908, est l’ancrage de la méthode psychanalytique dans la pratique cathartique et le cheminement nécessaire (à suivre son enseignement) et continuel de cette voie ainsi ancrée, au point de croire que le transfert continuerait d’échapper à toute approche, à la nécessité de continuer à l’envisager sous de nouveaux angles d’attaque, et dans la tenue de la cure et en relation à son objet même.

Dans son article sur l’évolution du concept du transfert chez Freud [8], Natanson rend le transfert tributaire de la connaissance de l’inconscient, du soi, puis chez l’autre : il y a un continuel aller-retour qui débouche continuellement sur une demande d’en savoir plus, sur un savoir initiatique. Dans la même idée et en reprenant en ses termes Amado, qui voit le transfert comme “le germe d’une durée régénérée” [9], il décrit l’évolution historique du transfert chez Freud dans un premier temps, sous l’angle d’un amour compulsionnel que déclenche la situation analytique de l’analysant envers son analyste, puis comme “un phénomène humain général qui domine toutes les relations d’une personne donnée avec son entourage humain”, ensuite, comme un amour “analytique” définitivement à l’endroit de l’analyste, mais qui est pour l’analysant une occasion de “s’exprimer” non en rendant le récit du souvenir “traumatique”, mais en le jouant, répétant, actualisant ou “reprodui(san)t de façon palpable, présente, au lieu de s’en souvenir” comme indiqué par Freud dans Ma vie et la psychanalyse [10], soit par fausse association.

Du débat que suscite le concept, et l’abondance de la littérature qui en traite, Il est fort de constater qu’il évolue d’une cure à l’autre non d’une façon linéaire mais en marquant des aller-retours incessants qui n’envisagent de le mettre en lumière une fois pour toute dans la séquence précédente : amour compulsionnel, relation humaine, amour analytique, fausse association, résistance, auxiliaire, etc. mais que pour inaugurer toute une autre séquence !

Mais ce qui est évident, ou semble l’être, est que le transfert, dans l’espace/temps d’une cure, a un début et une fin et qu’au début, il y a ce moment qui signe la prise ou non dans le travail analytique et qu’à la fin, la forme que ce travail prend signifiant un échec ou une réussite de la cure ; Si le résultat est là et est palpable, pourquoi continuer à envisager de provoquer le transfert ? est la question qui est plus à marquer le phénomène. Dans la section suivante, le transfert est décrit dans une série temporelle qui reprend ces quatre temps l’espace d’une cure et tente de montrer ce décalage entre ce qui est début/fin de la cure et initiation/aboutissement du transfert.

Dans une approche “globalisante” du transfert qui englobe tout ce qui est rattaché à la situation analytique dans l’espace et temps de la cure, les interactions analyste – analysant et le contexte, et qui n’est restrictive centrée uniquement sur l’analysant, il se dégage de la section précédente, que le transfert est une notion évolutive voire révolutive qui est caractérisée sur une autre dimension, par des aller-retours continuels entre observations cliniques et tentatives de théoriser le concept. Dans cette section nous tentons, dans la première “dimension”, de reprendre la situation analytique qui engendre le transfert dans le temps d’une cure : de marquer en quatre étapes l’évolution idéalistique de celle-ci dans un ordre anti-chronoligique, qui est justifié par le caractère révolutif de la notion, de la sortie de la cure qui s’ensuit à une conscientisation de l’obstacle inconscient, de l’impulsion donnée de l’analyste ou déplacement effectif de l’affect et finalement, du désir de transfert ou ce qui fait signe d’entrer dans la cure, sa demande ; L’ordre “révolutif”, du traitement de l’évolution de la cure, est logique si l’on considère que c’est la conscientisation de l’obstacle inconscient, et donc la sortie de la cure, qui vient marquer la demande au déclenchement de la cure et lui donne sa raison d’être.

Historiquement, ce qui semblait déterminer la sortie de la cure est le fait “qu’une fois cette cause (de la première apparition des symptômes) révélée (avec sincérité), les symptômes disparaissent pour toujours” décrivait Breuer dans Etudes sur l’hystérie [7] dans son récit du cas d’Anna O., le cas qui est à l’origine de la méthode cathartique telle qu’elle a été pratiquée par Breuer et développée ensuite par Freud au fondement de la cure analytique. Qu’est ce qui marque alors, dans le cas Anna O. la sortie de la cure ? serait-il la transformation de la misère hystérique en un destin d’exception ? la confrontation de deux personnes psychiques à l’unification ? ou encore par rapport aux moyens de l’époque, l’épargne ou l’économie du recours à l’hypnose ou d’autres moyens plus médicamenteux ?

Freud répond partiellement à cette question (de sortie de la cure) dans son traitement d’un autre cas celui de Lucy R., et conclut dans la même étude [7], à la page 97, que “la thérapeutique consista ici à imposer l’union du groupe psychique isolé avec le moi conscient ; chose remarquable, le succès ne progressa pas parallèlement au travail fourni ; ce ne fut qu’une fois la dernière partie terminée que la guérison apparut soudain”. Ce qui pourrait également suggérer l’incidence synchronique de la sortie de la cure ou plus osément son caractère atemporel, imprévoyable si ce n’est que pressenti et que le cours des choses vient quand même le ressortir à un acte de sortie de la cure…

Pareillement dans son ouvrage L’homme aux rats [11], Freud décrit sans censure le déroulement réussi de la cure de son patient marquée d’un transfert positif dès la première séance, dans la continuité de l’idée précédente d’un pressenti atemporel de sortie de la cure. En effet, si la cadence du début de la cure est donnée sur un ton amical, de compréhension, et de respect, les choses commencent à changer au fur et à mesure que Freud tente d’amorcer le souhait inconscient de E. de ce dernier de tuer son père, de déclencher un transfert : E. résiste et donne libre cours à une agressivité contre Freud (injures) marquant une difficulté à laisser aller le transfert ou un transfert douloureux qui témoigne d’une non-acceptation de sentiments inconscients envers son père, de jadis, et agit physiquement, sur le divan, dans le présent, contre ces associations en protégeant sa tête avec ses mains, s’agitant dans la pièce de crainte d’être frappé.

La situation analytique n’est pas pour autant rompue puisqu’elle aboutit à l’établissement de cette ambivalence “atemporelle” que contraste ce transfert douloureux : d’une part le grand sous-estime dont il a hérité du “sale type à mettre à la porte et qui ne mérite pas mieux”, et d’autre part, l’état conscient dans lequel E. porte un grand respect pour Freud, dans sa tentative de dialectiser cette réalité à l’endroit de “son Capitaine”, s’adresse à lui en l’appelant “Monsieur le Professeur” pour essayer de résoudre la situation mais marque surtout l’analogie (la coïncidence de deux réalités) entre le fantasme (ou fantasmes) du transfert qui se réalise, s’actualise et la réalité de naguère représentant l’ambivalence qu’il a envers le père et le ressentiment envers la mère, à effacer le temps, l’espace d’un transfert, dans une répétition qui s’actualise et que caractérise une longue série de fantasmes plus ou moins “atemporels” dont les suivants :

  1. le rêve de “la mère de Freud” qui meurt engendrant un rire inopportun pour féliciter au lieu d’exprimer ses condoléances. Est-ce un malheur souhaité à Freud en étant son père ? ou à la mère en étant le fils de Freud ?
  2. celui concernant “la fille de Freud” qui la méprend pour une autre fille qui lui plaît et que Freud veut la lui épouser, en ayant Freud dans la position de son père, et comment pourrait-il épouser la fille de son père ? ne serait-elle une infidélité à son amie G. d’une part et d’autre part, l’inceste avec sa “sœur” se voyant fils de Freud ? ce questionnement semble conditionner son choix qui n’est que répétition ou reproduction d’une scène familiale : son père qui épouse une riche, sa mère, par convenance, alors qu’il laisse la fiancée jolie qui lui plaît mais modeste
  3. d’autres fantasmes qui représentent dans des scènes obscènes la famille de Freud. S’agissant de rêves… qu’au moins le jour et la nuit séparent !

Du caractère atemporel de l’ambivalence décrite dans la section précédente, il est force de constater de combien les fantasmes transférentiels se greffent sur des bribes imaginaires pour reconstituer, répéter le roman familial propre au sujet. Le transfert joue ici (dans le cas de l’homme aux rats, par exemple) le rôle de rapporter sur l’analyste, à travers sa famille, le fantasme du rapport de l’analysant à sa propre famille, ou ce que semble indiquer Lucchilli dans son ouvrage, Le transfert de Freud à Lacan, à la page 108, en citant Lacan, dans son article Le Mythe individuel du névrosé, qui dit : “Or, à l’intérieur du fantasme développé par le sujet, nous observons quelque chose comme un échange [ou inversion] de termes terminaux de chacun de ces rapports fonctionnels”. Mais qu’est ce qui marque dans le cas de l’homme aux rats la sortie de la cure ? c’est justement cette conscientisation de ce décalage, de cette ambivalence, de cette inversion, de cette actualisation consciente d’un vécu, du roman familial à l’endroit de Freud, de l’analyste et de sa famille dans l’espace de la cure, à l’évidence, suffisamment pour le renvoyer à sa place dans une ultime répétition ou pas !

Mais ce qui semble unanime aujourd’hui chez les psychanalystes, en référence à l’ouvrage de Maleval Étonnantes mystifications de la psychothérapie autoritaire [12] à la différences des autres psychothérapies, c’est qu’on ne sort jamais de l’analyse mais que l’on atteint une phase avancée du dégagement du lieu de manque du sujet qui n’a pas rencontré la réponse de l’Autre, au point où s’origine son désir qu’est aussi l’espoir, de plus en plus conscient, d’une réponse définitive à s’y attacher, à continuer à s’y attacher, ou en accepter la déception à y renoncer définitivement, mais encore à le dépasser, à le renvoyer à qui de droit et à sa place selon les termes de Neyraut [13] du transfert qui serait “un quiproquo à contre-temps et que son dépassement consiste à le renvoyer à qui de droit et à sa place”.

Le transfert est alors résolu lorsque l’analysant consent à ce que la demande reste sans réponse, n’a plus besoin de l’analyste (ou précisément de cet analyste) à l’occasion d’une nouvelle conviction foncière ou dépassement d’un ancien malentendu complexuel à oublier même qu’elle était une fois une cure, le souvenir n’étant plus d’actualité n’a besoin d’exister ! comme en atteste l’expérience du petit Hans qui après le divorce officiel de ses parents et à un âge plus avancé aurait tout oublié de son analyse avec Freud et son père [14]…

Ce qui est intéressant également dans cette étude de Maleval [12], est le fait qu’elle dégage dans ce moment de sortie de la cure une “mutation subjective” cette fois-ci de l’analyste, de son éthique même de travail transcendant la simple exigence professionnelle du rendu. Le résultat de la cure ne se cantonne pas à la seule “efficacité thérapeutique, bien avérée pour les unes et les autres : il s’agit d’éthique et respect du sujet.”, dépasse “le primat de l’efficacité” et “prône un respect de la singularité du sujet.” Ce respect de la singularité du sujet est propre à distinguer la particularité qu’est “l’association libre” de la démarche psychanalytique par rapport à toute psychothérapie autoritaire, qui d’une façon ou d’une autre, force, conditionne ou forge le sujet de l’analyse qu’il s’agisse du cas radical de l’hypnose, de la suggestion ou de la persuasion même si l’idée “insufflée” et l’acte inspiré semblent de bonne foi !

Par contre, si les limites entre hypnose, suggestion, ou persuasion ou encore entre thérapies autoritaires et relationnelles semblent se définir, aujourd’hui, avec une certaine précision, c’est qu’il y a eu un travail de fond certes, mais que la nécessité de continuer le travail est d’autant plus urgente que s’impose l’idée d’une ultime résolution ou délimitation… surtout lorsque l’on pense que le concept “d’association libre” a besoin d’être opérationnalisé, en reprenant la terminologie méthodologique, pour être d’une quelconque efficacité thérapeutique jugeable ou auto-mutilatrice.

Qu’il s’agisse d’une disparition de symptômes ou pas, le temps de sortie d’une cure semble sine qua non à un transfert qui donne sens à un clivage, à le transcender dans la situation analytique de “l’association libre” qui a son écho sur l’analysant certes, mais aussi sur l’analyste à l’occasion “d’une mutation subjective” ; c’est la forme que prendrait ce travail de conscientisation d’un obstacle inconscient, la sortie de la cure.

Le transfert a ce double tranchant d’être à la fois l’agent curateur de la psychothérapie et provocateur à l’origine de la plus féroce des résistances, s’agit-il de l’ambivalence décrite par Bleuler que Freud reprend dans son étude sur la dynamique du transfert [15] et Observations sur l’amour de transfert [16] ; C’est ce que Breuer note également, dans Études sur l’hystérie, comme opposition de deux états, que “la malade était partagée entre deux personnes, l’une psychiquement normale, l’autre mentalement malade”, qui culmine. C’est cette polarisation qui permet de donner forme au travail psychothérapeutique dans sa tentative de conscientiser l’obstacle inconscient et qui semble nécessaire, un passage obligé. Qu’est-ce qui signe dès lors, l’entrée ou non dans ce travail de conscientisation et son aboutissement ?

Ce qui signe l’entrée en jeu du transfert c’est la capacité de ce dernier à aboutir à un compromis entre la résistance provoquée et les exigences de l’investigation dans la cure. S’il parvient au conscient c’est qu’il a satisfait la résistance à l’endroit où les autres associations échouent. Mais est-ce que cela signifie pour autant que la résistance soit dissoute radicalement, à son origine ? ou s’agit-il plutôt d’une déformation, d’un stratagème, d’un pion qu’avance le complexe ou l’inconscient complexuel sur l’échiquier de la bataille ? dans ce cas, supprimer le transfert ne revient pas à supprimer la résistance qui est d’essence inattaquable. Si la résistance est inattaquable en soi dans le bon ou mauvais sens, quelle qu’elle soit son essence, c’est le compromis qui marque alors ou caractérise le transfert à distinguer un transfert négatif, positif, etc.

Dans sa variante positive, le transfert est synonyme d’une mise en lumière du complexe, sur un versant conscient qui maintient les rapports amicaux, tendres, etc. entre l’analyste et l’analysant. Ce serait la façon de dénouer la plus discrète, subtile, fine, tellement évidente qui coule de soi dans l’espace d’une cure. Mais aussi, et plus généralement, la plus quotidienne dans les rapports humains, de vraies interactions, qui correspond au point précédemment évoqué dans la définition du dictionnaire de la psychanalyse [1] qui décrit un transfert “incontournable et omniprésent dans toutes les situations de la vie” qui mettent en interaction au moins deux individus.

Par contre la résistance, qui est contraire à toute mise en lumière, est forte à stopper l’analyse, sur un versant inconscient qui se manifeste dans un mode de transfert négatif : agressivité de l’analysant à l’endroit de son analyste, ou dans un mode de transfert positif mais avec des éléments érotiques refoulés. Chez le paranoïaque par exemple, le transfert essentiellement négatif ne laisse l’opportunité à aucun moyen de guérir le sujet. Paradoxalement, c’est à ce moment, à l’occasion de la plus forte résistance, que le transfert est le plus visible. Dans le transfert positif érotique, la résistance use du stratagème de l’amour dans l’amour de transfert pour entraver la marche de l’analyse en mettant l’analyste dans une mauvaise posture de savant à simple amant.

Si la résistance use du transfert pour déformer la réalité psychique, elle a le bienfait de faire resurgir l’émoi, de l’actualiser dans une sorte de répétition, dans des clichés. Cette actualisation est d’autant plus forte que la résistance est forte. Par l’entremise du transfert positif, la répétition se transforme en une raison de se souvenir au moment où le sujet se réapproprie progressivement son histoire à l’image de l’acteur qui rejouant une pièce de théâtre en imagine une autre issue, un autre discours ou en accepte le génie tout simplement. Dans ce sens, l’exemple de Fabrice Luchini, dans son spectacle La Fontaine de 2011, est épatant en quoi il arrive à (re)jouer l’hystérisation de son désir freudien, qu’inspire aussi Marx et Péguy, dans le discours génie de Rimbaud, Baudelaire, Molière, Flaubert et Labiche. Dans l’interview, qu’il accorde à l’équipe de “Stupéfiant !”, il indique l’effort qui lui est nécessaire à une telle répétition profonde à l’addiction, à consacrer 1000 heure à un texte comme celui de l’Argent de Péguy d’environ 57 pages et vendable à moins de 10 euros.

La synchronie à l’œuvre dans le travail analytique, entre ce qui est du transfert positif et négatif témoigne certes d’un semblant d’action – réaction mais aboutit en fin (ou pas) à transcender cette polarité, à un compromis, par l’effort du sens qu’on y consacre, comme voudrait l’opposition primordiale, repérable, entre autres, dans le jeu du Fort/Da, qui certes, réduit au minimum la fonction de symbolisation mais qui inaugure l’ordre symbolique. En effet, ce n’est pas étrange que Freud dans son analyse ne reprenne le schéma, tout fait, moraliste, d’un côté, ou opportuniste, de l’autre, de son époque dans le traitement du transfert : Il propose de le traiter (pour le sortir du schéma de l’époque) sur deux tons, degrés ou niveaux de réponse : une acceptation au premier degrés du sentiment ou prétention mais rejet au deuxième degrés, un rejet de toute manifestation physique, jusqu’à ce qu’une renonciation est provoquée lorsque la situation est ramenée, par “hasard” soit, par l’aménagement d’un temps – espace, d’un intervalle nécessaire à sa consécration, sur “une voie plus calme” de sublimation qui la porte à un niveau plus élevé qui ne se réduit au minimum strict insuffisant d’une opposition.

De sublimation à sublimation alors, et selon les termes d’Amado [9] : “l’appel du sujet tend au dialogue ; il s’oriente vers un temps de réponse. Le transfert ne constitue une “révélation” que par le temps de l’interprétation qui réponse de l’autre libère quelque chose du sujet qui est sa fonction même”. La particularité qui se dégage de ce transfert est qu’il n’a besoin que du “temps de l’interprétation” (par l’aménagement d’un temps – espace) et non de “’l’interprétation” en tant que telle, puisque c’est sa fonction propre.

Ce qui marque l’entrée dans la cure ou signe, c’est alors l’installation d’une certaine polarité qui émane d’une essence inattaquable quelle qu’elle soit dans un mode ou l’autre du transfert : positif, érotico-positif, négatif, etc. en synchronie qui aboutit à un compromis, ou sublimation, tant que l’effort et l’aménagement temps – espace qui y est nécessaire est soutenu. Dès lors, dans cette conception qui se dégage, qu’est-ce qui déterminerait l’échec à entrer dans une telle dynamique ?

Natanson dans son article sur le développement de la notion du transfert chez Freud[8], décrit l’échec à entrer pour l’idée pathogène dans un processus de conscientisation comme étant imputable à trois incidents :

  1. le malade se croit négligé, humilié ou offensé par l’analyste,
  2. a peur de trop s’attacher à l’analyste d’y être “sexuellement asservi”,
  3. craint de reporter sur l’analyste les représentations pénibles nées du contenu de l’analyse : les fausses associations.

D’où l’intérêt, la nécessité même de la première règle de la psychanalyse posée par son fondateur à savoir : le sujet sans discrimination révèle tout ce qui lui passe par l’esprit, et continue l’exercice de la parole de situer la résistance.

Dans les Cinq leçons sur la psychanalyse : Suivi de contribution à l’histoire du mouvement psychanalytique [17], Freud décrit le cas de Dora, qui est éprise d’un amour homosexuel pour Mme K., tente de faire parler sa jalousie de “sa peau blanche” à tel point qu’elle aurait besoin de transférer l’image de M K. sur Freud. Que serait-il passé si Freud avez reconnu cette tendance homosexuelle ? et accéder à cette jalousie qui la motivait ? Cet exemple montre une situation d’échec de transfert à cause de l’analyste qui a cessé de démêler ce qui est transfert du contre-transfert, reflétait autre chose que l’analysant s’attendait à voir… le miroir ayant échoué à sa première mission de restituer fidèlement ce que l’on y renvoyait ! Dans la section suivante, nous questionnons ce qui est de l’analyste nécessaire à l’aboutissement du troisième temps de conscientisation de l’obstacle inconscient.

Dans la continuité de l’idée précédente en relation avec le cas de Dora, l’analyste a un rôle à jouer pour éviter l’échec de la cure mais plus précisément à ne pas entraver cette dynamique du transfert et le travail de conscientisation de l’obstacle inconscient qui en résulte. En d’autres termes, selon Lucchelli “la fonction de l’analyste est de ramener à la chaîne associative tout ce qui se produit dans le transfert. Il faut “entendre” ces représentations (le contenu du désir inconscient) et non la résistance elle-même, le “ici et maintenant”” [18].

En reprenant l’idée précédente du rôle que pourrait prendre Freud dans l’analyse de Dora, dans les termes de Ferenczi [19], l’analyste jouerait le rôle d’un “ferment catalytique”. Autour de ce point catalyseur, la réaction (telle qu’elle est définie en chimie) ainsi déplacée, centrée, accélérée, restitue l’affect qui dans son aveuglement actualise, ressuscite, joue dans le présent, le souvenir qu’il accompagne. Dans son rôle catalyseur, l’analyste en étant impénétrable, restitue comme un parfait miroir qui ne refléterait que l’image de ce qu’on lui montrerait. Mais comment est-il possible de refléter quelque chose sans y mettre de sa personne ? sans comprendre l’intention ou ce qui se cache derrière l’intention de son analysant ? sans être pris au dépourvu de l’extraordinaire, peut être horriblement désagréable de la
situation analytique ?

Sur un autre registre, et dans le cas plus concret de l’homme aux rats comment Freud est-il arrivé à “suggérer” particulièrement son souhait à E. de la mort de son père ? est-ce par hasard ? une intuition ? ou par quelque chose, idée, expérience qui s’imposait ? et dans ce dernier cas de sous-jacente maîtrise, est-ce qu’il est nécessaire, à cet endroit, de toucher à quelque chose qui “fait” mal sans pour autant se renvoyer les foudres d’un transfert plus ou moins négatif ?

Il paraît indéniable qu’il y ait une certaine répartie qui fait référence à un corpus théorique que mobilise l’analyste, une sorte de guide dans l’investigation de ce point qui fait mal, qui touche au vif du sujet, qui impulse une aussi vive réaction digne d’un transfert en toute connaissance de cause. Un tel corpus se nourrit certes de l’expérience, de la pratique, des cas en analyse, mais se garde aussi une part d’intuition digne de tout sujet qui se rapporte à la question humaine. Les exemples de publications, d’échanges entre pairs, etc. confirment ce besoin d’être à la hauteur de la complexité de la question et sur le fond et sur le moyen d’y parvenir. Déjà Freud en a fait une exigence de son enseignement de ne pas s’arrêter dans ce domaine au résultat du travail analytique mais en ayant la singularité de l’analysant au centre, chercher et continuer à chercher à structurer ce fondement théorique qui devrait certes accommoder le cas présent mais profiter aux autres en ayant l’analyste dans son rôle de dépositaire d’un savoir qui s’organise ou prend de la consistance et pertinence.

Lacan, dans cet effort inédit, a repris tout le travail de Freud dans son Séminaire, alors qu’il aurait pu se lancer sur un autre registre et ce n’est pas par hasard. D’une part, il invite à voir quelque chose dans le travail de Freud que les autres pensent ne pas voir et d’autre part, revoir ce que les autres pensent voir sous un autre angle, dans une dimension nouvelle qui tient le sujet au centre de l’attention en y ajoutant certes, à l’édifice, mais en se gardant d’en rester là : il y a cette continuité d’interroger le sujet dans sa particularité et de l’intégrer dans la structure déjà fondé par Freud et Lacan.

Mais l’analyste est aussi un humain qui a sa limite et se pose la question de cette limite. La mobilisation du corpus théorique permet de résoudre en partie cette problématique, mais il est question aussi de la posture que doit tenir l’analyste non pour sortir de sa condition humaine, ce qui est impossible voire contre-productif sachant que l’analysant s’attend comme même à un humain en face de lui, mais de l’observer sans entraver le travail de transfert de son analysant. Sur un exemple plus concret, dans ce qui semblerait décrire ce rôle, l’analyste conscient du complexe d’Œdiqe expose d’une façon ou d’une autre le concept à son analysant, qui le joue avec une certaine justesse, que l’analyste repère (la justesse) et reflète sans y ajouter de son propre jeu ! tout serait alors question de l’acceptation qu’en fait ou pas l’analysant de son image qu’il ne pourrait, saurait, imputer à l’autre analyste dans le bon comme dans le mauvais sens… mais, en reprenant l’exemple du jeu théâtral, n’est il tentant d’usage de se voir jouer dans l’autre acteur lorsqu’on est producteur et prétendre y arriver à en sortir son vrai être ? !

Dans On n’est pas couché du 26 septembre 2009, Francis Huster, acteur, metteur en scène, réalisateur et scénariste, dit : ” je me sens un artiste, un artiste libre français, quand j’ai à mettre en scène une tragédie, je demanderais à la jeune fille (sur la question plus large de l’identité) qu’elle soit juive, française ou musulmane, d’être visage nue sur scène, parce que je dois travailler avec son visage, avec son âme, son émotion […] pour moi la religion n’entre pas […] dans l’église du théâtre, dans la mosquée du théâtre, dans la synagogue du théâtre.”. Il est intéressant de voir comment d’une part, c’est difficile d’échapper à ce “je me sens un artiste” dans le travail avec l’autre, et d’autre part, de se poser la question de ce “je me sens un [analyste]” pour faire aboutir (mettre en scène) le transfert (la tragédie) dans une cure analytique.

Dans son rôle de ferment catalyseur, l’analyste s’oblige une certaine posture et à mobiliser un corpus théorique qui en fait quelqu’un “qui sait tout” selon les termes du petit Hans à l’endroit de Freud malgré le fait que c’est son père qui conduisait effectivement l’analyse. Pour dire qu’entre analyste et analyste, il y a celui qui le porte et celui qui ne le porte pas aux yeux de l’analysant (dans une autre condition c’est le père qui serait le quelqu’un “qui sait tout” et non Freud), comme s’agissant d’un titre, un étendard, que remet l’analysant à son analyste de choix et qui signe son entrée dans l’analyse comme s’il lui disait :” prends-le, tiens-le ! l’étendard de “qui sait tout”, moi j’ai essayé mais je n’ai réussi, à toi de passer devant, de me montrer le chemin à suivre à ses risques et périls”.

Dans la continuité de la section précédente, si l’analysant gratifie de son titre “qui sait tout” son analyste c’est qu’il y a eu un échange dont le support privilégié a été (est) la parole et ce n’est pas n’importe quelle parole mais ce que Lacan pose comme déterminé par la parole en référence à un grand Autre, lieu du signifiant, en parlant du transfert.

Dans le cadre spécifique de la cure analytique, qui est essentiellement un exercice de parole et répond donc à la première condition d’établissement du transfert telle qu’elle est posée par Lacan, la demande initie cette relation et comporte en elle déjà une dimension transférentielle par l’acte même : c’est une demande, exercice de la parole, que l’analysant adresse à quelqu’un à qui l’on suppose un savoir, au grand Autre, à la personne de l’analyste, ou à quoi il renvoie chez l’analysant, etc.

Dans la situation analytique, l’analyste sur les pas du grand Autre, se situe en interprète en référence à un grand Autre ou autrement dans la lignée de ce grand Autre pour le sujet : celui “qui sait tout”, dans les termes du petit Hans tels qu’ils sont rapportés par Freud, chez qui l’analysant ou le sujet espère une réponse en tant que porteur de ce “qui sait tout”, qui continue de le porter ou le passe à un autre.

Parmi les qualités de cet interprète est qu’il est disponible, à l’écoute et n’interfère pas (être le miroir parfait) : “De même qu’il y a deux types de transfert (Symbolique et Imaginaire), il y a aussi deux types d’interprétations : l’une “vraie”, l’interprétation symbolique, et l’autre “fausse” – intervention imaginaire.” [18], dans les termes de Lucchilli. L’analyste n’interfère pas dans le sens où ayant déjà effectué son auto-analyse (ayant été analysant, ou ayant un analyste), sait les tenants et aboutissants de ses relations avec les autres (en particulier son analysant), sait sa place pour le sujet. En d’autre termes et selon l’approche globalisante, il ne nie pas ou limite en son lieu le contre-transfert, ce que suscite en lui son analysant dans la situation analytique ; il sait démêler son contre-transfert (ou transfert chez l’analyste à l’égard de son analysant) du transfert du sujet. En effet, si l’analyste pense que l’analysant sait tout (tout de l’ordre réel des choses), l’analyste sait que l’analysant pense qu’il (l’analyste) sait tout sans que son penser à lui (de l’analysant) n’interfère avec le penser de l’analyste, ne prenne place de réponse en son endroit à la question de l’analysant… Cette situation qui découle de la nécessité de l’acte de parole, permet de démêler de ce qui est désir de l’analyste, contre-transfert, du transfert, désir de l’analysant, en gardant une distance sous diverses formes : amour, adhésion, chimère, etc.

Une condition nécessaire à l’exercice de parole et donc à l’établissement du transfert ou à sa mise en œuvre, est la distance que devrait créer ou ébaucher la situation analytique. En décrivant son analyse avec Lacan, Antonio Di Ciaccia dans le Rendez-vous chez Lacan, documentaire sur Jacques Lacan par Gérard Miller en 2015, dit décrivant le travail avec Lacan : “… il te prenait d’une main mais [moment d’émotion] stratonava (mot en italien) avec l’autre main” au questionnement du reporteur sur la signification de ce mot stratonava, il répond par le geste de secouer comme pour faire tomber, lâcher, mais que l’autre main retient assurément (signe d’amour, d’acceptation, de compréhension, etc.). Si la main qui retient, qui empêche de sombrer, vient de ce que l’amour, l’empathie consciente de l’analysant envers l’analyste témoigne dans la vie réel ; la main qui ébranle est révélatrice de ce qui l’a pris de profond chez l’analysant l’analyste, de sa position identificatoire structurelle à secouer son être. Cette description semble correspondre à ce que Freud décrit dans la dynamique du transfert [15] de la réalisation du transfert lorsque l’analyste a pris place pour le sujet, s’identifie à une personne antérieure connue par le sujet, participe au fantasme du sujet, s’intègre dans une série “psychique” image paternelle (de Jung), mais aussi maternelle, fraternelle, etc. A partir de là, le transfert prend forme !

Que le transfert prenne forme dans la trilogie : (amour, adhésion ou chimère) ou (transmission, report ou traduction), comme décrivent dans leur travail Mollière et Friard sur le transfert[2], ou selon les termes de Freud dans (amour, réaffect, transcription), du moins sensé (symbolisable) au plus sensé alors, du plus réel au plus symbolique en passant par le fantasme ou ce qui décrit une situation intermédiaire dans le maniement du transfert, la technique pour ainsi dire encadre ce qui est “brut” ou “cru” du transfert.

En ne retenant que ce qui est caractéristique d’une plus ou moins élaboration, Lacan semble décrire la forme que prendrait le transfert dans l’autre sens du plus symbolique au moins symbolique, d’où la primauté du transfert symbolique sur l’imaginaire qui passe ou ne passe pas !

Dans la situation analytique il arrive que le sujet soit épris d’un amour compulsionnel, en contradiction avec l’attitude réservé de l’analyste qui n’a finalement rien d’une séduction selon les termes de Freud [10]. Si le transfert est “un phénomène humain général, [et qu’]il domine toutes les relations d’une personne avec son entourage”, l’amour qui se manifeste dans la situation analytique n’est que la transposition “brute” ou “crue” de ce dont le sujet actualisait le souvenir de sa première enfance à l’âge adulte en face d’un autre adulte à la manière d’un enfant en face de ses parents. Si le cas paraît inacceptable dans une situation sociale, et pose des limites éthiques et déontologiques dans le premier cas, il l’est (acceptable) naturellement dans le deuxième cas, mais pas totalement (acceptable ou inacceptable) puisqu’il peut cacher une haine que vient camoufler cet amour dans la situation analytique, à titre d’exemple. C’est ce comment aménager la situation analytique sans la compromettre alors qui prime pour accueillir ce transfert et modérer sa manifestation en élargissant le sens que puisse revêtir un tel transfert.

Dans ce type de transfert qui n’est pas contradictoire avec les deux autres formes, le travail analytique exigeant pour l’analyste l’est autant pour l’analysant en tant que “l’adhésion totale des patients, leur entière attention, mais surtout leur confiance sont indispensables”[7] selon les termes de Freud dans Études sur l’hystérie, à la conduite de la cure. Dans cette situation l’analysant, libre (et non sous-hypnose ou autre thérapie autoritaire) de son choix, a acquis la confiance de se livrer à l’analyste qui du coup prend une place privilégié en adéquation avec son statut et son travail, et gère mieux le réaffect ou la mésalliance que puisse engendrer la situation analytique (sous une forme plus brute que cette du transfert d’amour, par exemple) par l’exercice de la parole dans une maîtrise au moins “grammaticale” du transfert.

Si dans le transfert d’amour, l’analyste est “absorbé” dans le jeu de l’analysant et que dans le transfert d’adhésion, l’analysant se trouve justement à une distance de l’analyste qui permet une situation plus interactionnelle du transfert, dans le transfert de chimère, l’analysant est en face ce qu’engendre l’interaction analyste – analysant sans pour autant n’être l’un ou l’autre mais qui en dépendent des deux. De cette situation qu’engendre la présence des deux “antagonistes” : l’analyste, analysant, né quelque chose, une chimère, que soutient la situation analytique même en l’absence des deux antagonistes dans un quelconque jeu symbolique, qui n’est pas à l’endroit de l’analyste et qui est porteur d’une nouvelle connaissance. Dans quelle mesure l’analysant pose l’analyste comme “sujet supposé savoir” ? ou autrement qu’il rôle joue l’analyste dans “l’amour [de l’analysant] qui s’adresse au savoir”, dans les termes de Lacan. L’imaginaire du transfert se réduit dans cette conception lacanienne à un obstacle !

En fin, ce qui résulte de cette partie sur les 4 “saisons” du transfert… dans la cure, est que le transfert prend forme lorsqu’une distance suffisante de discordance, qui la module, est établie entre le sujet et ce à quoi renvoie l’analyste, le grand Autre, lorsque l’analysant a pris position d’interprète, de miroir parfait, de la demande du sujet dans l’exercice de la parole . L’analyste qui mobilise son corpus de savoir, agit à la façon d’un catalyseur pour envoyer cette impulsion, les conditions remplies, à l’activation de ce transfert dont l’effet négatif, positif érotique, positif, etc. signe l’entrée dans le travail synchronique de conscientisation de l’obstacle inconscient, d’une sublimation à une autre dont le résultat immédiat sur l’analyste serait l’évanouissement du souvenir qu’il était une fois une cure dans une ultime répétition, actualisation ou de l’emmener d’une répétition à une autre, et dont l’effet trouve son écho également sur l’analysant à l’occasion d’une mutation subjective et revêt de son caractère atemporel la sortie de la cure ! Dans la section suivante nous questionnons l’organisation de ce travail synchronique de conscientisation et cette sortie atemporelle de la cure sur un mode RSI dans une tentative de démêler ce qui est de l’ordre symbolique vient par l’entremise
de l’imaginaire répondre à un réel ou s’en prémunir…

De la section précédente, il s’est dégagé à quel point l’organisation de la prise du phénomène du transfert dans une séquence chronologique est dynamique tant les frontières de ce qui signe l’entrée dans le transfert, sa prise, ou la sortie de la cure évolue, également dans le temps, d’un cas d’étude à un autre, d’une approche à une autre, d’une époque à une autre, etc. et dans le développement par étapes de la séquence, du déroulement de la cure, et dans le contenu de chaque étape. Dans cette section et dans la continuité de l’approche précédente, le transfert est abordé d’un point de vue “structurel” de ce qui noue le sujet sur un mode RSI autour de la question du désir et que le transfert vient révéler. Qu’est-ce qui alors du transfert se joue au niveau du réel, symbolique et imaginaire ? Avant d’essayer de dégager ce qui est du transfert appartient au domaine du réel, symbolique ou imaginaire, rappelons quelques définitions de ce à quoi renvoie dans son acceptation générale chaque mode selon Le Dictionnaire de la psychanalyse [1].

“Le symbolique fait de l’homme un animal (“parlêtre”) fondamentalement régi, subverti par le langage”, il s’agit alors d’un “ordre” établi, déterminant, “comportant une part consciente [de forme] et une part inconsciente [de structure]” et “organisant de façon sous-jacente les formes prévalentes de l’imaginaire”. Le sujet du désir né donc au discours de l’Autre d’autorité, que seul le langage peut élever “au-delà du principe de désir” qui le gratifie de cette marque symbolique qui signifie la mort de la chose pour faire naître le concept (que lui est éternel, universel) ; il opère essentiellement par négation (de la chose). D’un autre point de vue, c’est le “désir [qui] particularise une tentative d’accord entre cet ordre signifiant symbolique qui le surdétermine et l’expérience d’appréhension d’un objet chargé imaginairement de représenter la retrouvaille avec l’objet originairement perdu.”

Dans le même dictionnaire, Chemama, en citant Lacan, définit le réel comme “l’impossible” à symboliser, qui “ne cesse de ne pas s’écrire”, d’être pris dans l’acte de la parole ou l’écriture. “Il revient dans la réalité à une place où le sujet ne le rencontre pas”, ne l’attend pas, et le “réveille […] de son état ordinaire. En d’autres termes, c’est ce que “le symbolique […] a expulsé de la réalité” ou de ce qui détermine l’imaginaire. S’il réveille le sujet de son état ordinaire, l’ébranle, c’est qu’il le détermine en quelque sorte à se poser la question de l’(im)possible de la convergence ou rencontre de l’ordre symbolique et de ce “désordre” réel ? en d’autres termes, vers quoi converge le symbolique (et l’imaginaire qu’il mobilise) si ce n’est vers ce réel qui le secoue ?

De la séquence précédente, il s’est dégagé l’importance fondamentale du langage, de l’interaction verbale, dans la cure psychanalytique et en particulier dans le transfert, “pivot” de la cure, autour de quoi tourne le jeu, dont il aménage un espace dans lequel il y a une dimension imaginaire, de fantasme de sens, profonde et une autre dimension symbolique, qui répond au manque réel dans les mots. Dans le cours de Psychopathologie, L3 [20], et en relation avec l’acte d’énonciation nécessaire à toute interaction verbale, il est question d’une recherche de sens “non pas dans l’association profonde, le lien de la représentation étant coupé, mais dans une association horizontale, à travers le langage et les mots, piétinement sans fin qui aboutit à l’absurde, dans une métonymie incongrue”. Si l’acte d’énonciation, selon ces termes, semble nécessaire à ce travail d’association “horizontale”, il l’est nécessairement dans l’association profonde, “verticale”, si le lien de la représentation n’était coupé ! dans ce sens et en prenant l’exemple de l’absence de solution à la réussite du rapport “sexuel”, la question qui s’y attache, laisse ouverte la voie à l’élucidation de ce réel, du réel, par la seule écriture symbolique.

On ne touche alors, dans ce sens, au réel que par l’entremise du signifiant pour échapper à l’obscurantisme étant construit dans le cadre de l’ignorance et non dans la lumière de la vérité, mais qui finit par y accéder. C’est le psychanalyste, en tant que porteur de cette vérité, de cette lumière, de ce savoir, qui est en position de répondre à la demande (de savoir, de vérité, de lumière) de l’analysant mais en tant qu’il reconnaît la part qui lui revient dans la réalité du trouble, qui l’engage dans la nécessité de la demande à “l’éclaircir”, non en le disant mais justement en essayant de ne pas le dire mais de le dégager en termes d’association libre, qui est l’autre fondement de la cure psychanalytique ou l’exigence éthique que pose Freud à son analysant de dire tout ce qui lui passe par l’esprit, ne pas chercher à reformuler, à arranger ou à mentir.

Si le langage est le support privilégié de la cure, l’association libre en est le contenu à travailler… le transfert participe donc, d’une telle demande adressée, de son support et de son contenu, à l’endroit de l’analyste, dans une association libre, et de ce qu’il représente, ou symbolise, dans une association profonde. Dans les termes de Lucchilli :”le transfert passe d’un axe à l’autre, il passe de l’axe a-a’, résistance imaginaire, à l’axe a-A, registre symbolique à travers lequel se dévoile l’inconscient freudien” [18].

Dans la suite de l’idée précédente sur le rôle du transfert dans le langage à alterner une association libre, à une association profonde, à une nouvelle association libre, et ainsi de suite, le “transfert apparaît ainsi comme un masque (qu’on passe dans le jeu de l’élucidation, de la recherche de vérité) et, pour donner un exemple, le fait qu’on répète sur l’analyste le même rapport qu’on a eu avec le père, montre bien que le premier venu peut très bien faire l’affaire et porter le masque du père.”[18], dans les termes de Lucchilli, d’une part, et d’autre part, espérer selon Freud, décrivant
la mainœuvre du transfert dans l’analyse, que “La carpe de la vérité [soit] attrapée par l’appât du mensonge”.

Le “mensonge” qui constitue l’imaginaire, le fantasme à “mettre en lumière”, à symboliser, d’autant “que nous vivons dans un monde artificiel, construit par la fiction des liens sociaux et du langage” [21], dans les termes de Searle. Il s’apparente selon Lacan à un moment de “fermeture de l’inconscient”, de frein, de masque, dont il ne s’agit pas (pour l’analyste) d’interpréter la fermeture, mais de trouver le moyen d’y relancer la dialectique analytique par un “mot d’esprit”, une interprétation, etc.

Nous assistons dans cette conception, à un dépassement de l’idée d’interprétation d’un transfert de “fermeture” mais d’un transfert de “relance dialectique” pour essayer de dégager ce qui de l’inconscient le détermine symboliquement, ce qui est de l’ordre d’une répétition symbolique (qui détermine la répétition imaginaire), comme postule Lacan lorsqu’il montre que le “transfert ne doit pas être conçu comme une émotion, un affect, mais bien plutôt comme un renversement de “propositions”, un renversement d’énoncés”[18], le principe même du jeu théâtral, à titre d’exemple ou mathématique.

Ce qui n’est pas en fin de compte contradictoire avec la conception freudienne, en tout cas des débuts, de réduire le transfert à une mésalliance (comme point de départ, proposition ou hypothèse), mais disons que la dialectique freudienne ne cessait de dégager le terrain de vérité pour que le mot d’esprit lacanien vienne opérer ce renversement dialectique dont la détermination est freudienne !

Se posant la question du réel dans le transfert? Il n’y en a pas ! selon Lacan, ou ce qu’il échappe au symbolique, à ce qui détermine l’imaginaire… il dit :”Le transfert n’est rien de réel dans le sujet, sinon l’apparition, dans un moment de stagnation de la dialectique analytique, des modes permanents selon lesquels il constitue ses objets” [22]

Ce qui résulte de cette partie, c’est que le transfert est un transfert de relance ou de “renversement dialectique”, de répétition symbolique, qui (sur)détermine symboliquement l’idée d’un “transfert de fermeture”, d’une répétition imaginaire, mais ne s’y limite pas et dont le support privilégié est le langage, le travail d’énonciation, d’interaction verbale, dans le cas particulier de la cure psychanalytique. Il, le matériel et le travail sur ce matériel, est pris dans une double dimension symbolico-imaginaire qui par le jeu d’alterner “association libre” et “association profonde” tend à maintenir la machine dialectique analytique en mouvement, d’éclaircir de ce qui est symbolique vient surdéterminer l’imaginaire, réalité… par la même occasion, le réel échappe nécessairement, dans cette conception, au transfert !

La première partie, de définition, nous a permis de dégager “le moule” dans lequel le transfert peut être décrit, mais ne permettait de le distinguer des autres thérapies surtout celles décrites comme non-autoritaires, pour l’essentiel, dans la limite de la suggestion ou de la persuasion. Nous avons tenté dans la deuxième partie, et selon une première approche, de retracer ce que du transfert fait signe dans l’espace d’une cure et dans une séquence temporelle d’entrée – sortie. Ce qui a résulté de l’étude du transfert selon cette approche, est que le transfert prend forme dans une distance de discordance qui lui donne son mode et son ton entre le sujet et le grand Autre. l’analyste ou celui qui renvoie à l’image du “grand Autre” est celui qui mobilise un corpus théorique et “catalyse” autour de ce corpus le sujet. Il en va d’une conscientisation de l’obstacle inconscient à une sublimation, dans une répétition à n’en finir la cure mais qui marque de son effet et l’analysant, l’évanouissement du souvenir “qu’il était une fois une cure”, et l’analyste, à l’occasion d’une “mutation subjective”, et le transfert de son caractère “atemporel” !

Selon une deuxième approche sur le mode RSI, il s’est dégagé, dans le cas particulier de la psychanalyse, que le transfert est un transfert “de renversement dialectique” de relance du sujet dans une double dimension symbolico-imaginaire dont la répétition symbolique vient (sur)déterminer la répétition imaginaire, dans un jeu “d’association libre” et “d’association profonde” dont l’aboutissement est de maintenir en marche la dialectique analytique… qui revêt au transfert son caractère “irréel” en tant que le réel lui échappe !

Ce qui semble alors différencier le transfert des autres thérapies non-autoritaires est ce que lui confère son caractère “atemporel” du fait qu’il marque l’analyste, l’analysant et la situation analytique, et son caractère “irréel” en tant que le réel continue d’échapper au renversement dialectique qu’opère le transfert, dans une psychanalyse.

Bibliographie
[1] B. Chemama, R. & Vandermersch. Dictionnaire de la psychanalyse. Larousse, Paris, 2009.
[2] D. Molière, F. & Friard. Transfert. 2021.
[3] L.M. Morfaux. Vocabulaire de la philosophie et des sciences humaines. Armand Collin, Paris, 1980.
[4] A. Mijolla. Dictionnaire International de la psychanalyse. Calmann-Lévy, Paris,2002.
[5] A. Mijolla. Dictionnaire International de la psychanalyse. Calmann-Lévy, Paris,2002.
[6] D. Molière, F. & Friard. Contre-transfert. 2021.
[7] J. Freud, S. & Breuer. Études sur l’hystérie. PUF, Paris, 1956.
[8] J. Natanson. L’évolution du concept de transfert chez Freud. Imaginaire Inconscient, pages 7–19, 2001.
[9] E. Amado Lévy-Valensi. Le dialogue psychanalytique. PUF, Paris, 1962.
[10] S. Freud. Psychanalyse et médecine. Ma vie et la psychanalyse, 1926.
[11] S. Freud. L’homme aux rats. PUF, Paris, 1909.
[12] J.C. Maleval. Etonnantes mystifications de la psychothérapie autoritaire. 2012.
[13] S. M. Neyraut. Le transfert. PUF, Paris, 1974.
[14] H. Blum. Le petit Hans : une critique et remise en cause centenaire. Topique,2007.
[15] S. Freud. La dynamique du transfert. La Technique Psychanalytique, pages50–60, 1912.
[16] S. Freud. Observations sur l’amour de transfert. La Technique Psychanalytique, pages 116–130, 1915.
[17] S. Freud. Cinq psychanalyses. Éditions Payot, 2017.
[18] J.B. Lucchilli. Le transfert de Freud à Lacan. PUR, Rennes, 2009.
[19] S. Freud. Cinq leçons de psychanalyse. 1909.
[20] M. Grollier. Cours de Psychopathologie L3. Technical report, Université Rennes2, September 2021.
[21] J. Searle. Le transfert de Freud à Lacan. Gallimard, Paris, 1998.
[22] J. Lacan. Ecrits. Éditions Du Seuil, Paris, 1966.